Joyce Carol Oates
Avant, j'étais une fille normale, j'avais une vie normale.
Après, il y a eu l'accident. En me réveillant, j'ai tout vu en bleu. J'étais dans le coton. Un monde douillet et bleu. Mais maintenant, le bleu s'efface, le douillet s'envole. Et je suis seule à nouveau. En colère. Contre moi. Contre l'univers tout entier. Je cherche un endroit où me cacher.
"J'avais du mal à percuter. Dans le bleu n'était que cela ? L'effet d'un
médicament sur mon cerveau ? Dans le bleu, où je pouvais voler, flotter,
et essayer de retrouver maman pour lui expliquer que j'avais réellement
vu quelque chose sur le pont, et que j'avais eu une vraie raison de
crier et saisir le volant comme je l'avais (peut-être) fait. Dans le
bleu ou maman et moi pouvions être ensemble... Dans le bleu n'existait
pas ?"
"Ne me parlez pas ne me touchez pas !
Je m’efforce de me rappeler que je l’aime, ma « nouvelle » famille.
Ma tante Caroline et mon oncle, Dwight McCarty. Mes petits cousins Becky et Mikey.
Et ma nouvelle chambre, la chambre d’amis du premier étage, où j’avais coutume de dormir quand maman et moi venions rendre visite aux McCarty. Soudain, alors que je commence à défaire mes bagages et à pendre mes affaires dans le placard, je réalise que la dernière fois que je me suis trouvée dans cette même chambre à défaire ma valise, en août il y a un an de ça, maman était tout près… En train de défaire ses bagages dans sa chambre à elle, peut-être, ou en bas, avec tante Caroline. J’ai reformulé mon souhait, rouge de colère : je veux qu’on me rende ces moments-là !
Le temps présent, je le déteste. Je tremble et j’ai la nausée."
Je m’efforce de me rappeler que je l’aime, ma « nouvelle » famille.
Ma tante Caroline et mon oncle, Dwight McCarty. Mes petits cousins Becky et Mikey.
Et ma nouvelle chambre, la chambre d’amis du premier étage, où j’avais coutume de dormir quand maman et moi venions rendre visite aux McCarty. Soudain, alors que je commence à défaire mes bagages et à pendre mes affaires dans le placard, je réalise que la dernière fois que je me suis trouvée dans cette même chambre à défaire ma valise, en août il y a un an de ça, maman était tout près… En train de défaire ses bagages dans sa chambre à elle, peut-être, ou en bas, avec tante Caroline. J’ai reformulé mon souhait, rouge de colère : je veux qu’on me rende ces moments-là !
Le temps présent, je le déteste. Je tremble et j’ai la nausée."
L'auteur nous fait découvrir dans ce roman bouleversant le douloureux
retour à la vie d'une adolescente, Jenna Abbott qui a 15 ans. Un accident
terrible survient, dont elle pense qu'elle est responsable et dont elle est la seule
rescapée. Il est donc difficile pour elle de quitter l'hôpital, où elle était "dans le bleu". Elle
refuse d'aller vivre chez son père, un homme d'affaire débordé et
parti de chez sa mère trois ans auparavant, et elle accepte d'emménager chez sa tante
Caroline (la sœur de sa mère), son oncle Dwight et leurs deux jeunes
enfants. Une nouvelle maison, un nouveau lycée, mais pas de nouveaux
amis pour Jenna, car elle est très renfermée.
Ce dont elle a besoin ce n'est pas de l'attention de sa tante ni des questions des autres lycéens, mais de retrouver
le bien-être qu'elle éprouvait quand elle était à l'hôpital sous analgésiques et pouvait se perdre "dans le bleu". Jenna doit accepter la réalité, mais cela ne va pas être facile...
"Un endroit où se cacher" est un roman saisissant, captivant jusqu'à la fin, mais surtout très touchant. L'auteur nous a très bien fait
ressentir la détresse de l'héroïne qui ne va pas bien. Et c'est avec émotion, et attention, que
nous suivons son long et difficile rétablissement, très bien exprimé. "After the Wreck, I Picked Myself Up, Spread My Wings, and Flew Away" est le titre original qui est d'ailleurs très beau.
Ce roman m'a vraiment plu, et je le conseille dès 13 ans.
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