samedi 18 décembre 2010

Interview de Pierre Thiry

http://s2.e-monsite.com/2010/02/18/08/resize_550_550//Ramses.jpg1/Pourquoi avoir choisi "Ramsès au pays des points virgules" comme titre ?

Le titre "Ramsès au pays des points-virgules" est un titre qui m'est
venu à l'esprit, une fois l'histoire écrite. Je voulais trouver une
expression qui se réfère à l'intrigue, tout en ne la dévoilant pas trop.
Ce récit est aussi une forme d'hommage aux points-virgules, je voulais
donc le faire apparaître dans le titre.

1 bis/ Ce titre peut sans doute  donner envie de lire ce roman mais ne
vous a-t-on jamais dit que c'était un titre étrange ?

Oui, peut-être y a-t-il quelque chose d'étrange et bizarre dans ce titre. Quelque chose qui est là pour traduire le caractère un peu loufoque de l'histoire. Il s'agissait d'écrire un conte fantaisiste, repousser les barrières de la fiction pour faire penser le lecteur, pour l'inviter à poser un regard interrogatif sur les choses. La présence du nom "Ramsès" peut laisser penser à ceux qui n'ont pas lu le livre que c'est un roman sur l'Égypte ancienne. Or ce n'est pas le cas, même si des références peuvent se glisser ici et là comme des clins d'œil, des invitations à ouvrir d'autres livres qui peuvent préciser ce qui n'est qu'évoqué dans «Ramsès au pays des points-virgules». Le point-virgule est un signe de ponctuation qui m'a toujours un peu intrigué ;  il n'est pas d'un usage fréquent dans nos façon d'écrire contemporaine ;  on ne sait jamais vraiment quand l'utiliser ;  et l'informatique ne nous simplifie pas la tâche puisque la plupart des logiciels de traitement de texte n'ont même pas prévu le bon espacement pour ce signe de ponctuation. C'est en me penchant sur l'histoire du point-virgule dans des ouvrages de grammaire (notamment le "Traité de la ponctuation française" de Jacques Drillon que j'ai eu l'idée d'une partie de cette histoire. J'avais aussi été frappé par le fait que le point-virgule a exactement la même forme que la lettre arabe za qui forme la première lettre du mot "zayn" qui en arabe veut dire merveilleux. J'ai donc voulu faire jouer ce point commun entre l'alphabet arabe et latin pour construire une sorte de conte des "Mille et une nuits". La référence à Ramsès peut aussi se comprendre par ce détour : l'histoire de l'Égypte antique est commune à tous le peuples de la Méditerranée. Peut-être est-ce que je vous fais trop entrer dans ma "fabrique à écriture" en évoquant toutes ces explications... On peut parfaitement lire le livre sans avoir à l'esprit tout ce que je viens d'évoquer. Ce
sont des éléments déclencheurs qui ont fait naître ce récit : un échafaudage masqué qui n'a plus beaucoup d'importance dans le livre tel qu'il existe. C'est désormais au lecteur à fabriquer du sens à partir ce ce conte. Maintenant qu'il existe, ce n'est plus à l'auteur de l'expliquer !!! J'espère être parvenu à redonner au lecteur un appétit pour le point-virgule ;  une envie de l'utiliser comme ces épices qui relèvent le goût d'un plat. C'est une invitation aussi à contempler ce petit signe de ponctuation d'un regard poétique. Faire travailler l'imagination autour de la langue pour la rendre aimable.
http://s1.e-monsite.com/2010/07/19/02/resize_400_400/Pierre-Thiry.jpeg

2/Comment est né ce livre ?
Cette histoire est d'abord née d'un défi que m'avait lancé une de mes nièces (c'est un peu l'épisode que je raconte dans le premier chapitre...) Pour me prouver que je ne pouvais connaître tous les livres, elle avait inventé un roman qui se serait appelé "Sissi et le nez du Pharaon"... C'était pendant les vacances de Noël, et trois  jours après je lui ai offert le premier épisode de ce qui est devenu "Ramsès au pays des points-virgules".
J'ai ensuite continué ce feuilleton de trois pages en trois pages, au rythme des visites de ma nièce. Cela devenait un petit jeu, qui aurait pu ne jamais finir !!! Le roman aurait pu être infini, être toujours en train de s'écrire. Un jour ma nièce m'a à nouveau "piégé", elle a présenté mon manuscrit en exposé de lecture dans sa classe. Et je ne sais pas comment elle a fait, mais elle a réussi à obtenir une excellente note. C'est alors que je me suis dit qu'il fallait que je termine cette histoire et que je la publie...
3/Comment avez-vous imaginé le personnage principal ?
Y-a-t-il vraiment un personnage principal ? Si c'est de Sissi que vous voulez parler : c'était une contrainte d'écriture qui m'était donnée au départ, il m'a fallu donc la réutiliser. Quant à l'Alice du roman, elle ressemble un peu à ma nièce, et c'est aussi une allusion à l'Alice inventée par Lewis Carroll. Je précise toutefois que je n'ai pas relu Lewis Carroll pour écrire cette histoire, même si on peut y retrouver quelque chose de l'absurde anglo saxon qui va de Shakespeare à Lewis Carroll....

4/D'où venaient vos inspirations pour écrire le livre ?
J'ai écrit ce livre d'une manière très "détendue". Apparaissent donc, ça et là dans l'histoire, de manière plus ou moins déguisée mes préoccupations du moment : des lectures, des conversations, des impressions. Je l'écrivais sans penser qu'il serait un jour publié. Je n'ai donc pas essayé d'écrire un récit très organisé, rationnel, architecturé. C'est sans doute ce qui explique les défauts et les qualités du livre...

5/Pourquoi ne pas avoir fait une suite ?

A vrai dire j'ai lancé l'édition de "Ramsès au pays des points-virgules" un peu comme un ballon d'essai, car j'ai un autre roman sur lequel je travaille depuis plus d'un an : roman que j'écris avec l'intention de le publier. Afin de "débroussailler" le chemin pour ce roman là j'ai donc publié "Ramsès au pays des points-virgules" un texte qui n'était pas prévu au départ pour être édité...
6/Avez-vous beaucoup de lecteurs ?

Ce livre n'est pas un bestseller !!! C'était un texte que j'avais au départ conçu pour cette nièce dont je vous ai parlé, et quand je l'ai publié j'avais d'abord à l'esprit que cela allait permettre à mes amis de se le procurer. Ma surprise a été de constater qu'assez rapidement sa diffusion a dépassé le cercle de mes connaissances. Des internautes que je ne connaissais pas m'ont contacté pour me dire qu'ils avaient lu "Ramsès au pays des points-virgules" et qu'ils avaient aimé. Cela m'a fait très plaisir, mais je suis toujours un peu méfiant quand on me fait des compliments, alors ces premières réactions j'ai eu envie de les confronter à d'autres encore, en acceptant des "partenariats" sur des forums littéraires : un moyen d'avoir des retours de lecteur tout en faisant connaître le livre juste avant les fêtes de fin d'année. Ce livre est d'ailleurs une sorte de "conte de Noël" !!!

7/Quels sont vos principaux lecteurs ?
Je ne me suis pas livré à une étude sociologique de l'ensemble de mes lecteurs. J'ai l'impression que le livre est lu un peu par des gens de tous les âges. J'ai eu quelques réactions enthousiastes dans mon entourage, parfois inattendues. Ainsi une enseignante en Université spécialiste de l'Égypte antique a beaucoup aimé ce conte et l'a offert à tous ces petits enfants.... Certains d'entre eux ont aimé le livre, mais pas tous.

8/Pourquoi avoir choisi cette illustratrice ?

Les aquarelles du livre avaient d'abord été réalisée pour illustrer le manuscrit de départ. Je les ai réutilisées car je les trouve belles et qu'elles méritent d'être publiées autant que le texte. Ces illustrations m'avaient été offertes, les publier était une manière de faire un cadeau en retour à l'illustratrice. Ces images ont selon moi l'intérêt de ne pas trop s'imposer à l'imagination du lecteur, elles le laissent libre de se représenter les personnages comme il l'entend.

9/Écrivez-vous d'autres livres ou seulement "Ramsès au pays des points-virgules"?


Oui ainsi que je vous le disais, je suis en ce moment en train de travailler à un autre roman que j'ai l'intention de publier un jour. Cela sera sans doute assez différent de "Ramsès au pays des points-virgules". Peut-être certains lecteurs y verront des points communs. J'écris depuis très longtemps à vrai dire, je ne cesse pas d'écrire, j'aime ça, c'est mon oxygène. Ce qui est nouveau c'est mon envie de publier. Ce sont les circonstances qui m'y ont invité, et je ne suis pas mécontent, car le livre, l'écriture, la lecture ont toujours été ma passion.



10/Êtes-vous auteur à part entière ou exercez vous un autre métier ?

J'ai exercé plusieurs métiers : vendeur de disque, administrateur de théâtre. Aujourd'hui je suis animateur d'ateliers d'écriture et auteur.... Est-ce un véritable métier ? Pas vraiment sans doute, car c'est en réalité une recherche d'emploi permanente... Je ne sais d'ailleurs pas ce que c'est qu'un auteur à part entière. Un
auteur est pour moi quelqu'un qui met son nom sur la couverture d'un livre. C'est une ambition un peu vaniteuse. J'essaie de m'en préserver, en me pensant comme un écrivain ou un "écriveur" un artisan de la langue. Travailler la langue c'est un peu comme faire de la menuiserie : un bricolage permanent. On essaie des phrases, on les ajuste, on se relit, on s'aperçoit que c'est raté alors on recommence. Il y a un plaisir à faire cela : partir de la matière brute pour arriver à quelque chose d'acceptable. Cette écriture là est un luxe dans le
monde d'aujourd'hui où on est de plus en plus conduit à des écritures professionnelles très rapides : écriture à l'ordinateur rapidement produite, allant à l'essentiel pour produire une communication immédiate et rentable.
Travailler l'écriture littéraire c'est avoir conscience qu'un autre rythme est possible, tout aussi indispensable à l'intelligence. Mes activités s'orientent de plus en plus autour du livre et de la lecture : mon dernier projet est la création d'une maison d'éditions associative "Les Éditions du Paquebot". Nous avons sorti notre premier
livre la semaine dernière.

11/Aimez vous lire ?
Je suis un gros lecteur. Je lis plusieurs livres par semaine depuis des années. J'ai toujours aimé lire. J'aime les grands auteurs, mais j'aime tout lire pour voir comment c'est fabriqué. C'est aussi indispensable pour moi que de respirer. J'espère avoir fait passer un peu de cette passion de la lecture dans "Ramsès au pays des points-virgules". C'est un livre que j'ai écrit autant pour donner envie de lire que pour donner envie d'écrire.

12/Quels conseils donneriez-vous à un jeune auteur ? 

Écrire, écrire, et encore écrire inlassablement. Écrire pour soi, écrire pour les autres, La première écriture est sans doute celle de la correspondance par lettres postales. Le courrier que l'on adresse à ceux qu'on aime. Cette écriture là est aujourd'hui remplacée par celle de l'ordinateur. Celle que je pratique tout de suite en vous répondant : une écriture où aligne les mots plus vite qu'on ne les pense !!!! J'espère donc ne pas vous avoir dit trop de bêtise ;-) Merci à vous de vous être intéressée à "Ramsès au pays des points-virgules" et d'avoir pris le temps de me poser toutes ces questions.

Je remercie infiniment l'auteur pour ses réponses !

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